Il est 8 h 15, mardi matin, quand les cars scolaires arrivent sur la place principale de la commune d’Arthez-de-Béarn (Pyrénées-Atlantiques). A leur descente du bus, une centaine d’élèves du collège Corisande-d’Andoins reçoivent d’une dizaine de gendarmes l’ordre de s’aligner, cartable au pied. Un chien renifle les sacs des enfants. Aucun produit stupéfiant n’est trouvé. Objectif de l’opération : «Sensibiliser les jeunes aux problèmes de drogue, selon l’inspecteur d’académie des Pyrénées-Atlantiques, Philippe Carrière. Il y a une dizaine d’interventions de ce type par an, souvent à la demande des chefs d’établissement et sur réquisition du procureur. Nous menons un plan départemental de prévention, avec le préfet, le procureur, la gendarmerie et l’Education nationale.» Le PS s’est ému de l’opération : «La fermeté et l’efficacité nécessaires dans la lutte contre les trafics de stupéfiants ne sauraient s’accommoder d’une politique de gesticulation au sein même des établissements scolaires.» Le PCF et le NPA ont aussi critiqué l’opération. «Je m’étonne d’un tel soufflé médiatique», se défend Philippe Carrière.
Hélène Oury, la présidente de la FCPE (parents d’élèves proches de la gauche) à Arthez, a assisté à la scène : «C’était vraiment choquant. Il fallait voir la tête des enfants : ils étaient décomposés.» Du côté de la Peep (parents d’élèves proches de la droite), on estime en revanche que «l’information et la prévention, ce n’est pas suffisant»,Si l’on considère que la drogue est un problème, il faut agir. Les enfants doivent comprendre que consommer de la drogue est un délit.» explique Marie-Dominique Jamin, présidente départementale.
Une appréciation fermement contestée par Erwan David, secrétaire départemental du Snes, syndicat enseignant : «Il ne faut pas confondre prévention et répression. Ces contrôles sont des mesures de violence symbolique. Bien sûr, il n’y a pas eu de violence physique. Mais des gendarmes en uniforme qui donnent des ordres, c’est impressionnant pour un gamin de 11-12 ans.» Le Snes craint aussi «qu’on généralise ces pratiques sous prétexte de pister le dealer ou le toxico. Avec des conséquences : si un jour, on propose de la drogue à un de ces gosses, il n’osera peut-être pas en parler à ses parents ou à ses profs, parce qu’il se sentira coupable».