Sarkozy : 360 milliards pour le secteur bancaire
Le soutien au circuit interbancaire est plafonné à 320 milliards d’euros, et 40 milliards seront consacrés à une recapitalisation éventuelle de banques en difficulté.
Une garantie des prêts interbancaires "s’appliquera aux emprunts contractés avant le 31 décembre 2009 et pour une durée pouvant aller jusqu’à cinq ans". "Les créances garanties seront prioritaires par rapport à toutes les autres créances en cas de défaillance de l’établissement emprunteur", a-t-il précisé. Dans ce but, "une société sera donc créée", a annoncé M. Sarkozy et "les emprunts émis par cette société pour son financement seront garantis par l’Etat". Ce volet du plan, primordial, pourra, potentiellement, se monter à 320 milliards d’euros.
"La garantie sera donc payante à un prix normal du marché. Elle aura pour contrepartie la signature d’une convention fixant les obligations des établissements bénéficiaires". Les obligations concerneront également "le financement des particuliers, des entreprises, des PME et des collectivités territoriales".
l’Etat français consacrera jusqu’à 40 milliards d’euros, à travers une autre structure juridique, pour injecter de l’argent frais dans le capital des groupes qui seraient en difficulté. Interrogé sur les besoins de la Société Générale, qui a fait l’objet de rumeurs lundi matin en Bourse, Nicolas Sarkozy a indiqué que mettre "des fonds propres à disposition de toutes les banques qui en feraient la demande, la Société générale ni plus ni moins".
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Les Echos
Krugman : les bulles de Greenspan
Le Price/Earning Ratio, sur l’échelle de droite, exprime le coût d’une action en nombre d’années de dividendes perçu. Le PER avait explosé durant la bulle internet. La bulle immobilière - échelle de gauche - alimentée par la baisse de taux d’intérêt décidée par Greenspan, a pris le relais à l’éclatement de cette première bulle spéculative.
Les petites entreprises US inquiètes
18% des patrons de petites entreprises US estiment que leur activité est menacée de faillite en raison de la situation économique, alors qu’ils n’étaient que 9% en août.
Les deux tiers des chefs d’entreprises interrogès ont déclaré souffrir du resserrement du crédit, contre 50% en aout. 12% ont licencié du personnel, 79% voient leur chiffre d’affaire diminuer, et 51% ont du puiser dans leur patrimoine pour soutenir leur entreprise.
Marée verte : La Fed autorise les banques centrales européennes à prêter des quantités « illimitées » de dollars
La BCE ainsi que les Banques d’Angleterre et de Suisse mettront aux enchères une quantité illimitée de dollars sour forme de prêts à 7, 28 et 84 jours.
Les dollars mis sur le marché européen sont fournis par la Fed dans le cadre des échanges de devises qu’elle pratique avec les banques centrales étrangères.
Cet afflux de billets verts a enfin réussi à faire baisser le LIBOR. Le taux du dollar à 3 mois sur le marché interbancaire a reculé de 4,82% à 4,75%.
Le LIBOR n’est pas seulement un indicateur "technique" de l’état du marché interbancaire.
Bloomberg rappelle opportunément que plus de 330 000 milliards de dollars de prêts et de produits financiers dans le monde sont indexés sur le LIBOR.
Le dérèglement de cet indicateur depuis près d’un mois se traduit donc par un coût réél pour tous les ménages endettés à taux variable.
Détente sur les marchés monétaires
Le taux des prêts d’une semaine sur le marché interbancaire en Euro, ou Euribor, a baissé de 26 points de base, soit 0,26%.
Graphique : Bank of Finland
Le prix de la confiance
Résumé des épisodes précédents.
Les marchés monétaires sont gelés. Ces marchés ce sont l’interbancaire, ou en temps normal les banques se prêtent mutuellement leurs surplus temporaires, et le marché des billets de trésorerie ou les entreprises se fournissent en crédit relais à très court terme, permettant de lisser les délais entre les paiements reçus de leurs clients et le règlement de leurs fournisseurs et salariés.
Ce gel a pour cause la crainte de la disparition de l’emprunteur. Le choix de laisser faillir Lehman - énorme erreur de jugement des autorités US - a été compris par l’ensemble de la finance comme la preuve que personne n’étant à l’abri, plus personne n’était fiable.
La chute vertigineuse subie par Morgan la semaine dernière est encore venue renforcer ce sentiment d’insécurité généralisé.
La seule façon de renverser le mouvement était de garantir que les banques honoreront leur signature, et la seule garantie encore crédible en ces temps troublés c’est l’état.
Les membres de l’Eurogroupe ont donc décidé de recapitaliser les banques - c’est-à-dire de leur fournir immédiatement de l’argent frais permettant d’effacer les pertes - et de garantir les prêts interbancaires.
Tous banquiers
L’ensemble d’un secteur considéré par lui-même - à tort ou à raison, l’avenir nous le dira - comme virtuellement en faillite, va donc être soutenu par l’argent public, sous forme d’assurance ou de prise de participation dans le capital.
Les sommes engagées au titre de cette assurance et de cette recapitalisation sont énormes. Après les 380 milliards d’euros débloqués par Londres, on annonce 470 milliards pour l’Allemagne, 20 milliards pour le Portugal.
De quoi les contribuables européens sont-ils devenus propriétaires ? De dettes. Les dettes que le système financier jugeait pour partie irrécouvrables sont maintenant adossées aux budgets publics.
A quelle hauteur ? Au vu des premières annonces, de l’ordre de 1000 milliards (*). Ceci ne signifie pas dans l’immédiat que ces 1000 milliards seront déversés dans un puits sans fond. La facture réelle dépend de deux choses.
D’une part le niveau de perte réel que les banques vont enregistrer collectivement sur leurs créances. C’est-à-dire le pourcentage de défaut de paiement sur les crédits à travers le monde, lui-même dépendant de la valeur résiduelle de l’immobilier en fin de cycle baissier et de la capacité de remboursement des entreprises et des ménages.
D’autre part la solidité des contreparties. Les états ayant promis de soutenir les banques présentant une importance systémique, la réédition d’un épisode Lehman devrait donc être évitée (Paulson va donc nurser Morgan). Mais les contreparties n’appartiennent pas uniquement au système bancaire. L’exemple de l’assureur AIG, finalement sauvé de la mort subite par le Trésor US, montre que la garantie/nationalisation pourra devoir être étendue au-delà des banques.
La quantification de ces deux sources potentielles de défaillances est aujourd’hui impossible à effectuer. La récession n’en est qu’à son début, et ses conséquences sur la santé du secteur financier dépendront de sa durée et de sa sévérité. Qu’elle soit longue et marquée, alors les pertes vont aller croissantes, tout comme le coût induit pour les contribuables.
Tensions monétaires internationales
Dans l’immédiat, ce ne sont « que » quelques dizaines de milliards qui vont être dépensés et seront financés par l’émission de bons du Trésor. La comptabilité des états européens n’est donc pas compromise. Mais le risque assumé a toujours un prix. L’incertitude sur la facture finale va se traduire, dans le meilleur des cas, par une pression sur les devises jugées faibles, et dans le pire, par un refus de prêter aux états en difficulté.
L’Europe, dans ces turbulences monétaires prévisibles, représente un cas à part. Car si elle a une monnaie unique, elle ne dispose pas de l’autorité d’emprunter en son nom sur les marchés internationaux. Seuls les états européens émettent des bons du Trésor. Si on peut imaginer que la France et l’Allemagne y arriveront sans difficultés, quid de l’Italie ? De l’Espagne ? De la Grèce ? Dans ce cas, la France ou l’Allemagne accepteront-elles de lever des fonds en leur nom pour venir en aide aux états européens les plus faibles ? Si la crise économique est sévère, la solidité de l’engagement européen sera mise à rude épreuve, et certains doutent aujourd’hui ouvertement de la capacité de l’euro à survivre à ce stress.
Les décisions prises par l’Eurogroupe étaient indispensables, sous peine de voir l’économie réelle s’écrouler dans les jours qui viennent. Mais le risque, pour autant, n’a pas été aboli. Il a changé de nature.
(*) Durant la journée du 13 ce montant initial s’est élevé à 1700 milliards., répartis ainsi : Berlin 480 milliards, Paris 360, La Haye 200, Madrid et Vienne 100, Lisbonne 20, Londres 380.
12:00 - Les bourses européennes regagnent de 5 à 7%
37 milliards de livres pour les banques anglaises
Le gouvernement britannique recapitalise les banques RBS, Lloyds et HBOS pour un total de 37 mds de livres. Il vise un ratio de capitalisation Tier 1 de 9%.
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