Allez, c'est vrai, je me suis encore fait piéger. Je recommencerais (presque) plus, promis.
J'ai encore regardé la TV grâce à internet...
40 ans pour rester aussi con, y a pas idée. Bref, j'ai regardé Cold Case. J'aimais bien, y a quelques années, lorsque j'avais un écran, même si, déjà, à l'époque, certaines scènes m'avaient fait tressaillir.
Ce soir, j'ai été mal à l'aise dès la moitié du premier épisode. Pour ceux qui ne connaissent pas, c'est juste des flics qui enquêtent sur des affaires classées non-résolues. Lundi prochain, ne manquez pas l'épisode où le meurtre de JFK est élucidé ( Bonne Route, frangin corrompu, 47 ans déjà! ).
Je plaisante pour le prochain épisode...
Donc, ce soir, la scène la plus dégoûtante retenue dans cette série est l'ado noir, dealer d'amphétamines, qui vient de charcuter l'oreille d'un mec avec une pince. Il rentre chez lui, effondré ( on l'a obligé à le faire ) et son grand-père l'exhorte à arrêter tout ça. De découvrir enfin la voie du Seigneur...
Le gamin lui répond : " Mais qui va payer les factures, grand-père?"
Le vieux n'a rien entendu. "reprends tes études, fils"... j'abrège...
Plus tard, dans la série, le bon black gentil a repris ses études et arrêté de dealer.
C'est mignon....
Rien, dans cet épisode, ne nous dit comment cet enfoiré de petit squatteur africain de l'Amérique, noir, donc, arrive à payer LES factures de la maison, car il est clair que le grand père n'a pas une thune, et à payer SES études, tout cela en arrêtant de dealer.
Alors, je vois trois solutions.
1) Je suis scénariste américain, je sais très bien que les noirs sont grassement payés dans leurs boulots du soir, ils peuvent tranquillement se payer leurs études et les factures de la maison et acheter de la pizza et de la bière le dimanche soir.
2) J'ai la foi, et ce gamin, je le sais pertinemment, il a prié, prié, prié. Et le facteur, cet étourdi, a égaré toutes les factures destinées au foyer, et, miracle, il a mis dans la boite aux lettres des enveloppes pleines de billets verts, anonymes, comme envoyées par le Seigneur. Allelouya!....
3) Bon, je ne vois qu'une chose. Il se prostituait pendant ses heures de sommeil. Heureusement qu'il est mort d'un coup de 38 spécial avant la fin de l'épisode, sinon, on allait assister à une triste mort sidaïque...
C'est pas très comique, tout ça, car nous ingurgitons ce genre de scénarios débiles à longueur de films, à longueur de séries, à répétition de publicités.
En gros, dans le monde entier, suivant les pays, il y a de 30 à 99% de la population qui est jetée volontairement dans la pauvreté par un système basé sur l'idée Darwinienne de la loi de la sélection "naturelle" par le plus adapté.
Ce même système édicte les règles éducatives de l'adaptation requise. Si tu veux réussir, tu te plies.
Je pose la base de l'évolution, celle de l'adaptation, et je sélectionne les sujets propices à l'élection. Mais surtout, surtout, je n'oublie pas de faire culpabiliser les autres.
Si tu n'as pas réussi dans ce système, ce n'est pas parce que tu le trouves bâtard, ce n'est pas parce que ses règles sont injustes, irrésistiblement perverses, pathologiques. Non, tu n'as pas réussi car tu es un raté.
Jamais on ne mettra en valeur ta position hautement viscérale du système. Sans toi, pauvre con, les gens qui ont juste le nez au dessus de l'eau ne sauraient pas le bonheur qu'ils ont de respirer. Sans toi, peut-être qu'ils se rendraient compte qu'ils tiennent à flot juste par l'hameçon profondément planté dans leur coeur.
Cet hameçon, nous savons très bien de quel côté de l'Univers il vient.
Pour 5000 films traitant de drogue ou de terrorisme, nous en aurons un relatant les vendeurs d'armes, des crimes quotidiens et multiples commis par les multinationales, par la toile financière. Film que l'on sera réjoui d'avoir vu "Ouaiiiiisss, ça bouge enfin!!!"... Qu'on oubliera très vite sous les tonnes de merdes médiatiques supportées chaque jour, y compris sur Internet.
Ces rares films, comme certains mensuels, sont des soupapes pour contenir les explosions sociales. Rôle que joue très bien le monde musical dont il s'est fait la spécialité. Depuis Ferré, Brassens, Brel et d'autres avant, sûrement, entendre certaines vérités nous rassure. La musique peut convertir, mais ce n'est pas (qu') un bienfait.
Dans un système où chaque comportement, chaque idée ou conviction est dicté par le matraquage médiatique, c'est à se demander si la véritable culpabilité, ce ne serait pas celle d'avoir perdu jusqu'à son ultime liberté.
Celle d'être tout simplement soi.