Il y a quarente ans, la jeunesse française, la première génération née après la guerre, et atteignant sa majorité, déclara son désaccord avec le système social. Son goût pour la musique planante et les festivals en plein air, dans un nuage de chanvre naturel, jusqu'au lever du jour, entraina l'âme du jeune en quète de liberté, à leviter avec le soleil du matin.
Les Beatles, Génésis, ces musique déformatées dont certains morceaux rentrent à peine sur la galette de trente trois tours, dix neuf, vingt minutes, sortent complètement du cadre. Evidemment, aucune radio « libre » aujourd'hui, n'a jamais pris le risque de les programmer, éloignant de trop loin, le soutien publicitaire permanent dans lequel il faut absolument maintenir l'auditeur-consommateur commun. Rendez vous compte, en engageant l'un d'eux après le journal télévisé, il finit à l'heure du film...

Le pacifisme entretenu par les musiciens voyageurs entraina cette jeunesse à faire le grand saut vers l'Orient et sa sagesse légendaire. Evidemment, ceux qui en sont revenus, habillés de larges chemises en coton léger et pantalons bouffants, tatouages, percings et autres fleurs dans les cheveux, sont définitivement inadaptés aux impératifs sociaux. Mais, armés de ce respect vital entourant chaque geste de leur vie privée, ils se butérent au monde de l'industrie inhumaine et imposèrent, sans violence, toutes les règles qui permettent d'être fier de travailler.
C'est leur mouvement qui est à l'origine des textes incitant à la propreté des locaux, les vestiaires corrects, les douches et lavabos, les fleurs sur le parking, enfin, tout ce qui écarte le déshonneur et permit à la femme de s'y intégrer sans honte. Ils ont également fait reculer la tendance à « l'Etat policier », coupant les pattes, sans un mot grossier, à l'autorité cherchant à éteindre les feux dès vingt heures, à courir après les deux chevaux peintes de toutes les couleurs, à jeter un oeil inquisiteur sur tout ce qui bouge. Ce sont eux qui déstabilisent l'autorité en rigolant alors qu'ils viennent pour faire taire cette musique de dingues, parallèle et jugée aliénante. D'ailleurs, c'est celle-çi qu'on écoute aujourd'hui, accompagnant trente secondes, les messages d'information sur les excellents principes adoptés par tous ces nouveaux produits, espérant par ce biais, les réconcilier avec la consommation. Ceux-çi, soit dit en passant, n'auraient pas besoin de ce matraquage, s'ils étaient tout simplement...bons !
Même sans y être allé, ils ont entretenu le mythe du bouddisme qui perdure aujourd'hui chez bien des intellectuels, stars du show bizz et modes de l'habillement et de la parure.
C'est dans ce même esprit que l'on peut l'affirmer, s'il avait réussi à imposer à la Société un régime de stabilité général, en opposition avec cette croissance obligatoirement dopée d'un flux tendu dévastateur, que les jeux olympiques auraient conservé leur empreinte noble. Mais également, bien des alternatives auraient pu se développer et enrichir la palette de la concurrence et de la comparaison rendue ainsi possible. Le plus révélateur de ce totalitarisme général, et malgré les débats soutenus et l'accord accepté en final, est l'absence de la publicité comparative.
« cette forme de communication est autorisée en France depuis plus de dix ans par la loi du 18 janvier 1992, modifiée en 1997 à la suite de directives européennes. Le régime actuel de la publicité comparative est précisé par l’ordonnance du 23 août 2001 transposant la directive européenne de 1997. Publicité autorisée mais surtout publicité très encadrée ! Tous les coups ne sont pas permis. La loi définit strictement les conditions de licéïté de ce type de publicité en précisant qu’elle doit être loyale, véridique et permettre une comparaison objective. » |
Celle-çi hésite à s'engager, sachant que seule une justice proportionnée garantit aus petits de résister aux gros. Car, seules les entreprises les plus puissantes peuvent s'entourer de cabinets d'avocats dévorants.
En limitant les inégalités sociales, entre la ville et la campagne, les salaires et les rôles hiérarchiques, le maintien de l'ordre aurait pu enfin se limiter à un rang de discrétion, et l'on aurait vu la cérémonie de la flamme, l'organisation de la procession des sportifs olympiques vers cette réunion de tous les peuples du monde dans un noble combat pacifique et loyal...confiée aux tibétains, ces sages dominants naturels, habitant le toit du monde.
Gilles Couturier